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CAFE CLIO ARCACHON

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6 mars 2011

Compte-rendu du café sur "la justice"

Le samedi 5 mars s'est déroulé le débat "à propos de la justice : la loi, le citoyen, l'Etat" ; voici les souvenirs-incomplets- que j'en ai gardés et que je vous invite à compléter et commenter à la suite ...

  • Généralités sur "la justice": après rappel de la définition et de la distinction entre justice civile et pénale, on s'interroge sur l'origine de la justice dans les sociétés humaines, et même animales, sur la nécessité d'établir des règles pour maintenir la paix dans le groupe ; référence à la famille et au rôle du père qui fixe les interdits et les règles à respecter, qui punit ... tous les groupes humains ont du créer des "lois" et attribuer la fonction de rendre la justice, soit au "chef", soit à un groupe ad hoc, quand les fonctions se sont spécialisées (l'exemple de St Louis au Moyen-Age ou de l'actuel "pouvoir régalien" du Garde des Sceaux prouve que cette fonction, reste toujours très proche du pouvoir politique)
  • Au nom de quoi rend-on la justice ? La religion a très longtemps fixé les règles, les normes, a créé une morale du bien et du mal, du permis et de l'interdit (ex Les 10 commandements...)
  • Discussion autour de "la loi du Talion" :"Oeil pour oeil, dent pour dent" : si l'on pointe de nos jours l'aspect archaïque de cette loi, qui a souvent pour conséquence néfaste l'instauration d'une vendetta sans fin, il apparaît que cette loi était un progrès de son temps, dans la mesure où elle introduit la notion juridique essentielle de proportionnalité des peines, et que l'on n'est pas condamné de la même façon pour un délit ou pour un crime.
  • Depuis la Révolution, on rend la justice au nom de la Nation, de la République actuellement , et du respect des lois votées par le Parlement (rappel de la complémentarité des 3 pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire et de la nécessité, depuis Montesquieu, de leur séparation pour que le régime soit vraiment démocratique.
  • L'institution est souvent impopulaire ; certains y voient l'influence des représentations qu'on en a depuis l'enfance, à l'école notamment ("Les plaideurs", quelques fables de La Fontaine,Hugo, etc), qui se moquent d'une justice souvent injuste ou ridicule, ou qui la dénoncent. Plus récemment, on a beaucoup reproché à la justice sa lenteur (plusieurs mois entre le début d'une "affaire" et son procès, avec les abus de la détention préventive qui en découlent souvent) ; certains lui reprochent d'être souvent coûteuse, ce qui provoque des inégalités entre ceux qui ont les moyens de bien se défendre et les autres ; on évoque bien sûr aussi son inefficacité parfois, et ses dysfonctionnements (ex affaire d'Outreau) ; ce monde apparait également très éloigné du peuple, avec ses codes, un langage compris souvent par les seuls inités ... Autant d'éléments qui ne rendent pas les magistrats populaires (c'est du moins ce qu'ils ressentent eux-mêmes)
  • Le fonctionnement actuel de la justice : il est étudié à partir d' études de cas, certains présentés par des membres du débat, un autre tiré d'une recherche tirée du livre "Comparutions immédiates. Enquête sur une pratique judiciaire" (A. Christin, La Découverte, 2008). ces cas permettent d'appréhender les réformes récentes, susceptibles de désengorger les tribunaux des milliers de dossiers qui s'entassent : à côté de la création d'instances nouvelles, permettant de traîter des cas sans recourir au procès (rôle des conciliateurs, des médiateurs, de tribunaux spécialisés comme les tribunaux de commerce ou les Conseils prudhomaux), création d'une "troisième voie" ; naguère, le parquet avait le choix pour répondre à l'arrivée d'un dossier de "classer l'affaire" ou de renvoyer le présumé coupable devant une instance de jugement ; dans ce cas, le dossier s'épaissit et l'affaire est souvent jugée dans un délai qui ne satisfait personne, ni la police, ni les victimes, ni l'accusé. Depuis les années 90 s'ouvre alors une troisième voie qui permet au parquet d'autres filières de traitement : le rappel à la loi, la médiation, l'indemnisation de la victime, l'obligation de soins... Enfin, pour améliorer les délais de réponse est créé le TTR (Traitement en Temps Réel des affaires pénales) qui permet au parquet de réagir aussitôt reçu le coup de fil du policier : celui-ci présente oralement les faits objectifs du dossier au substitut du procureur qui décide après ce court échange des suites à donner (entre les 3 voies ci-dessus) : cet homme est un véritable aiguilleur  : il oriente les affaires, fixe les RV, impose sonrythme à l'ensemble des acteurs de la justice pénale ; pour les cas jugés les plus urgents,il peut décider de la "comparution immédiate". Ces réformes sont récentes et leurs conséquences difficiles à évaluer encore ; certes, cette justice dans l'urgence permet plus de rapidité et d'efficacité chiffrable, mais beaucoup s'interrogent sur le manque de recul et d'objectivité, qualités pourtant essentielles à l'idéal judiciaire.
  • Devant ces analyses de cas, nous constatons à quel point le fonctionnement de la justice française est très mal connu : les exemples que nous avons en tête sont souvent les "grandes affaires" (mais le juge d'instruction ne traîte que 2% à 4% des affaires!), ou, pire, nous connaissons mieux le fonctionnement de la justice des USA, à travers les séries et les films américains
  • S'entame alors une discussion sur les grandes différences entre la justice en France et celle des USA, fruits de leur histoire. Pour faire vite,
  • - une justice française fondée sur le droit, écrit, où les magistrats sont tous formés à l'Ecole de la Magistrature, et où le parquet dépend de l'exécutif, du ministère de la justice ; avec une procédure inquisitoire, où la recherche de la vérité et de la preuve se fait avant l'audience
  • - une justice américaine fondée sur l'oral (recherche de la jurisprudence et des jugements précédemment rendus sur des affaires approchantes): la recherche de la vérité se fait pendant l'audience, où les avocats des deux parties doivent convaincre le jury et le juge ; les magistrats sont élus  ; la justice fait partie de la vie du citoyen (tout citoyen est au moins une fois juré dans sa vie)
  • ces différences font l'objet d'un débat sur les avantages et les inconvénients de chacun des systèmes
  • Pour finir (car l'heure a tourné), on essaie de résumer ce qui peut expliquer la crise actuelle de la justice en France : à côté du manque criant de moyens pour répondre à la judiciarisation de la société, on peut se demander si les réformes récentes ou en cours, qui introduisent des modes de fonctionnement proches de la justice anglo-saxonne, ne semblent pas cohérentes à l'esprit du modèle français, ce qui met en porte-à-faux nombre de magistrats.

PS : Je sais que j'ai oublié beaucoup d'aspects évoqués (les peines de prison, la peine de mort, etc), mais je compte sur vous pour compléter ou, pour ceux qui n'étaient pas là, pour poser des questions, dans les commentaires à remplir ci-dessous

Monique Didierjean

 

 

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13 février 2011

A propos de Wikileaks

Je découvre une pub pour un numéro hors-série du Monde intitulé "Les rapports secrets du département d'état américain : le meilleur de Wikileaks" ; le sommaire est :

  • la traduction des câbles diplomatiques
  • les analyses par zone géographique
  • les débats

Cette parution (que je n'ai pas encore feuilletée) prouve bien la nécessité d'un vrai travail de journaliste pour défricher les masses d'info sur internet, et d'un décryptage avant diffusion à 'l'opinion publique" ; êtes-vous d'accord ?  Monique D.

9 février 2011

Les journalistes (suite)

Merci aux auteurs des commentaires, de la citation exacte d'A.Londres et des remarques émises .Nous avons bien sûr débattu des l'influence des media sur l'opinion (et vice versa!) qui peut être négative dans le cas de la justice (Cf le procès d'Outreau) ;

Pour revenir à la formation des journalistes, le passage par une école de journalisme garantit-il la qualité du professionnel ? Il faudrait vérifier la formation qu'ont reçue ceux que l'on considère (subjectivement) comme de très bons journalistes ; beaucoup ont fait des études universitaires qui leur permet de se spécialiser dans un domaîne d'excellence ; d'autres peuvent être des écrivains qui se sont engagés dans le journalisme (exemple fameux de Mauriac) ; lancez vos recherches ! à bientôt !

6 février 2011

"LES JOURNALISTES, des grandes plumes à Wikileaks"

Compte-rendu des principales phases du débat :

  • Autour de la définition du métier de journaliste et des qualités indispensables à cette profession : le but étant d'informer son "public",il est d'abord nécessaire de s'assurer de la véracité de l'information (vérifier ses sources, les recouper...) Débat autour de la nécessaire objectivité du journaliste, qui semble bien difficile, voire impossible ; il faut tendre à l'impartialité ; la distance critique est également indispensable, ainsi qu'une nécessaire indépendance par rapport aux pouvoirs, au lectorat...) Un participant lit un article paru à la Une d'un journal tunisien  il y a un mois  (du "cire-babouche", commente un autre !)
  • A partir d'une citation d'Alber Londres "le journaliste doit tremper sa plume dans la plaie" (merci de rectifier !), le groupe discute sur le rôle du journaliste, ce qui amène à distinguer plusieurs sortes de journalistes, du grand reporter au journaliste d'investigation, en passant par les agenciers, les "journaleux", etc..., chacun y allant de ses définitions et de ses jugements sur certains titres ou media
  • Pour recadrer le débat et mettre l'accent sur la particularité de chaque medium,  retour sur l'histoire du journalisme depuis la création des journaux, au 18ème, toujours engagés, et comment petit à petit cette presse d'opinion a décliné au profit de "la grande presse" : désormais on doit déplaire le moins possible 'et donc tendre à l'objectivité) et traîter l'information simplement "'règle des 5 W" chère aux journaux américains). Evidemment, à chaque nouveau media (intro de l'image, radio, "directs",, TV, et Internet), correspondent de nouvelles pratiques de journalisme, discutées dans le groupe : de nouvelles techniques donnent l'impression d'un plus grand r éalisme, mais de nombreux exemples sont cités de manipulations et autres trucages.
  • La concomitance de l'info avec l"événement, l'accélération de l'histoire qu'elle provoque empêche souvent le débat d'idées : un événement chasse l'autre (et Dbagbo se réjouit des événements en Egypte)
  • Un long échange sur Wikileaks : rappel de la création, du fonctionnement, des conséquences de la transmission transparente d'informations confidentielles : est'-ce ou non du journalisme' ? Consensus sur le fait que c'est un afflux énorme de nouvelles sources, qui demande un travail considérable de tri, de vérification ... donc qui nécessite un vrai travail de journaliste !
  • Quelques chiffres sur les journalistes en France nous permettent de mettre l'accent sur la répartition des journalistes dans les grands media (seuls 20% d'entre eux travaillent dans l'audiovisuel), sur la formation (moins de 20% sortent d'une école de journalisme, et moins de 70% ont un diplôme universitaire), et comment on obtient la carte de journaliste ... Se pose alors la question des règles déontologiques des journalistes, qui s'autorégulent (mais il n'existe pas "d'ordre" pouvant sanctionner)
  • On revient sur l'absence de collusions, avec les propriétaires des grands medias,, avec les gouvernants (souvent proches des premiers), avec les annonceurs publicitaires.. : une nécessaire indépendance difficile à protéger !
  • Pour finir, les rapports entre les journalistes et l'opinion, entièrement imbriqués. : les journalistes disent à quoi il faut penser, plus que ce que l'on doit penser ; comment complaire à son public, son lectorat, comment connaître ses goûts et comment lui parler ;à quels choix cela oblige-t-il ? (l'entonnoir de l'info ; le goût du sensationnel,etc)
  • Journaliste, un métier dont les régimes démocratiques ne sont pas prêts de se passer

Je n'ai pas pris de notes et j'ai oublié des tas de choses que  je vous invite à compléter ; on n'a pas eu assez de temps pour aborder d'autres aspects (comme le "style journalistique"): proposez-les (au bas de la page, vous pouvez proposer votre commentaire)

A bientôt , Monique D. 

6 février 2011

Présentation du Blog

Depuis environ 2 ans, un café-débat se déroule au Troquet, à Arcachon, un samedi par mois (hors vacances scolaires). Beaucoup de participants sont fidèles, mais le lieu très accueillant permet à des visiteurs de passage de s'y associer parfois. Les thèmes débattus, souvent en lien avec l'actualité, sont fixés par les participants d'une fois sur l'autre.L'animation est assurée par Monique Didierjean, professeur d'histoire-géo (d'où le titre du café, qui rend hommage à la Muse de l'histoire, Clio).

Pour poursuivre un débat limité dans le temps, pour permettre aux absents de découvrir le thème traîté, l'idée est venue de créer ce blog, qui ne sera que le résultat de nos interventions ; sa forme est simplissime (je ne suis pas une pro de l'informatique), mais ne demande qu'à s'enrichir ... par vos apports et suggestions !

J'attends donc vos réactions, sur la pertinence de ce blog entre autres.

Mon prochain message sera un compte-rendu du débat du 5 février, consacré aux "Journalistes, des grandes plumes à Wikipedia".

Monique Didierjean

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